Jacques Hillion

Fasciathérapeute (Méthode Danis Bois) et psychopédagogue ; formateur dans ces deux disciplines depuis plus de 20 ans. Doctorant en éducation, animateur d’atelier d’écriture, accompagnateur du changement. Contemplatif engagé. Anime des méditations depuis une quinzaine d’années.

"Il existe une manière silencieuse de dire non à la haine : écouter l’autre. Je fais le rêve d’une communauté qui revendique la responsabilité individuelle comme valeur. Qui chaque jour se met en lien autour d’un même projet : être responsable de ce que je fais exister dans le monde.

Chaque jour, à la même heure, suspendre l’agitation et le bruit, pendant une demi-heure. Écouter.

Un exercice collectif de présence à soi et au monde. Ici et maintenant, se mettre ailleurs en soi, pour faire autrement. Le silence et l’écoute comme actes politiques. Écouter les effets de ma parole dans l’autre et ressentir la liberté qui se déploie. Poser l’attention sur ce que j’ai de meilleur en moi, pour le faire grandir et l’offrir. Sortir de la réaction pour entrer dans la création. Parce que l’attention est la plus grande force de changement."

Jacques Hillion

Terre de silence, la pratique

Le contexte

La méditation, c’est d’abord un contexte, une mise en situation. Chacun choisit celle qui lui correspond le mieux, mais il est préférable d’être confortablement installé, de se sentir bien, afin de pouvoir se relâcher aisément. La position assise permet d’investir la verticalité tout en se relâchant. La posture peut varier d’un jour à l’autre : certains jours, j’ai besoin de centrer mon attention et pour cela d’avoir les mains bien en appui sur les cuisses, de me pencher légèrement en avant ; d’autres jours à l’inverse, j’ai besoin d’ouvrir mon attention, trop concentrée par exemple, et je vais plutôt m’adosser confortablement en arrière. Le silence est aussi un élément important; choisir au minimum un environnement calme et veiller si possible à ne pas être dérangé.

Un temps de décantation pour se déposer

La méditation commence par un sas de transition, où je me donne un petit temps pour quitter l’agitation du quotidien et me rendre disponible pour la méditation. Il s’agit de se relâcher, se ressentir, se rassembler. Pour cela, je pose l’attention sur l’état de mon corps, mes appuis, la pesanteur, le relâchement musculaire, viscéral, etc. J’installe une disponibilité corporelle, socle de la stabilité de l’attention. Nous n’utilisons pas de mantra, la pensée se mobilise au service de la perception.

L’écoute

Une fois déposé et disponible, je pose mon attention sur le silence. Écouter le silence, c’est écouter là où, apparemment, il n’y a rien à entendre. Le silence est un miroir de l’écoute : il me révèle comment j’écoute, comment mon écoute influence l’environnement (le silence) et comment je me laisse influencer, toucher, renouveler par ce que j’écoute. Il y a un dialogue entre le corps, la matière du corps, et le silence, chacun sensible aux variations de l’autre, créant un accordage entre moi et mon environnement.

La vision

Dans le même ordre d’idée, tout en gardant les yeux fermés, j’observe ce qui se révèle à mon regard (luminosité, couleurs, mouvement), mais aussi la qualité même de mon regard. J’essaie de ne pas avoir un regard focalisé, de gagner en profondeur de champ (comme si je regardais depuis l’intérieur jusqu’à l’horizon) et aussi d’avoir un regard plus panoramique, plus ouvert. Là aussi, il y a une interaction, un dialogue entre ce que je vois et mon corps.

L’intériorité

Cette fois, je pose mon attention sur l’immobilité de mon corps. C’est une immobilité de repos, c’est-à-dire qu’elle n’est pas maintenue, pas verrouillée, mais que le corps reste simplement immobile parce que je n’ai aucune intention volontaire de mouvement. Au sein de cette immobilité physique, je perçois un ensemble de tonalités, de variations, de mouvements. Je prends contact avec ce qui m’anime intérieurement.

Évolution

L’attention est très active au début, je la guide et je l’oriente si nécessaire, jusqu’à ce que se construise une qualité de présence plus pleine. L’attention alors est à la fois ce qui déclenche ou favorise les sensations et ce qui capte, ce qui saisit les informations que délivre le corps. Puis, progressivement, la présence se déploie, offrant une sensation de plénitude corporelle, mais aussi psychique. Au fur et à mesure que je gagne en présence, l’attention ne précède plus les sensations, mais se laisse appeler par elles. L’attention reste stable, mais elle se fait plus panoramique, à la fois plus légère et plus affutée, saisissant les sensations, tonalités, mouvements, émotions et même pensées qui surgissent comme autant d’informations. La présence offre alors un incomparable outil de relation au monde.

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